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Joyeuses Fêtes, chers Français du Portugal


Chères et chers compatriotes au Portugal,


Nous sommes vos Conseillers des Français du Portugal, élus bénévoles, depuis 2014. Cette année 2020 a considérablement transformé nos vies, en raison de la crise sanitaire, devenue aussi économique. Depuis le mois de Mars, nous avons dû modifier nos déplacements, voir trop peu nos amis et nos familles. Il a fallu réorganiser notre vie professionnelle et nos projets, accompagner l’éducation de nos enfants et petits-enfants selon des modèles très différents.


Notre première pensée va aux malades, a tous ceux qui ont vu disparaître des proches. Pour beaucoup, cette crise sanitaire a retardé nos soins (c’est le cas de deux de nos colistiers). Les conséquences de la concentration des moyens hospitaliers (et la surcharge des personnels) vont apparaître dans les prochaines années. Nous vous avons écrit plusieurs fois, pour vous expliquer les mesures sanitaires au Portugal, et relayer les conseils du médecin référent de notre Ambassade. Souhaitons la bonne santé de tous.


Nous pensons en permanence aux entrepreneurs, qui font face à une grave perte de revenus, à l’incertitude du futur. Beaucoup d’entre nous, au Portugal, vivent du tourisme, des voyages d’affaires, de la restauration, de l’hôtellerie. Nous sommes guides, conducteurs de Tuk-tuk, interprètes de conférences, agents de voyage… la liste est très longue ettous sont brutalement affectés. Certains ont investi les économies d’une vie dans un « AirBnb » maintenant vide, d’autres ont quitté le statut salarié pour monter un projet qui est devenu un tourment. Nous avons essayé, tout d’abord, decommuniquer en faveur du maintien de la circulation touristique,si fondamentale pour nos entrepreneurs. Certains nous ont reproché de ne pas choisir la prudence, c’était encore la campagne. Nous avons fait la promotion des restaurateurs, en utilisant pour eux notre page Facebook. Je souhaite souligner, sur ce point, l’exceptionnel travail fait en Algarve par Vincent Zielinski, Jean-Michel Ginet et par l’UFE.


Nous avons relayé les campagnes de solidarité des associations, notamment de l’UFE et du Rotary. La communauté française résidente a été présente auprès des commerçants et des restaurateurs. Et les Français ont été cet été la première nationalité de touristes au Portugal, devant les britanniques. Nous espérons que la récupération touristique se fera assez vite pour que nos entrepreneurs retrouvent vite le succès qu’ils méritent.


Nous aurions dû connaitre votre verdict sur notre bilan lors des élections de 17 mai 2020. Nous avions organisé une quarantaine de réunions publiques, dans tout le pays, pour vous rencontrer. Ces élections se tiendront le 30 mai 2021. Heureusement, notre rôle est maintenant beaucoup mieux connu.


D’une part, car les dernières élections ont vu apparaitre sept listes, contre deux listes seulement en 2014 (Français du Portugal – union de centre-droit, et la liste Français du Monde-Citoyens solidaires au Portugal). Comme notre rôle est bénévole, ce n’est pas « l’appât du gain » qui a motivé ces nouvelles vocations, mais bien la reconnaissance que le travail de Conseiller des Français à l’Étranger est utile. Certaines listes se sont positionnées sur un discours « apolitique » certes sympathique, mais tout à fait absurde : si on demande à être élu pour représenter une communauté auprès d’une Ambassade, on fait nécessairement de la politique. Rappelons que nous sommes les grands électeurs des Sénateurs des Français à l’Etranger, qui sont – par conséquent ! - notre relai très efficace. Le summum de l’apolitisme serait de ne jamais intervenir auprès de ces Sénateurs, puisqu’ils seraient nécessairement associés à des partis politiques ? Nous sommes heureux du soutien de la majorité sénatoriale et nous avons démontré qu’il sert vos intérêts.


D’autre part, la crise sanitaire a démontré que notre Ambassade a besoin de relais efficaces avec la communauté française. Ces relais, ce sont les conseillers des Français au Portugal. Certains pays sont dotés de Consuls Généraux, diplomates de carrière dédiés à la communauté française. Malheureusement, nous n’en avons plus au Portugal, ni à Lisbonne, ni à Porto (nous avons pourtant beaucoup insisté !). Madame l’Ambassadrice doit se consacrer à ce qu’on appelle « le bilatéral », et le chef de section consulaire ne peut animer la communauté. Pour assurer le relai, Françoise Conestabile (par ailleurs Présidente de l’UFE Lisbonne) et moi-même avons travaillé en grande proximité avec les associations françaises au Portugal. Nous sommes également largement plus présents sur les réseaux sociaux que tous les autres élus des Français au Portugal. Nous publions, nous répondons à vos nombreuses questions, nous corrigeons certaines erreurs : ces interactions sont irremplaçables pour connaitre vos problèmes et vos attentes, et donc vous représenter. Répétons-le : Facebook a ses limites, mais il n’y a actuellement, dans une communauté comme la nôtre, aucune alternative équivalente pour vous écouter et vous parler. Nous ne pouvons pas nous voir à la sortie du marché municipal …


Je souligne également la grande importance de la French’Radio, projet que nous avons appuyé depuis ces débuts, et qui a considérablement renforcé l’information à notre communauté. Nous intervenons très régulièrement sur leur « antenne » et remercions Thierry Burtin et Jean-Guillaume Dufour pour cette contribution, faite en toute indépendance.

La crise sanitaire a donc exigé que nous soyons beaucoup plus visibles et a résolu de facto le problème de notoriété qui existait depuis toujours. Nous rappelons souvent que nous sommes l’équivalent du « conseil municipal » d’une ville moyenne. Nous ne sommes pas « le maire » : le maire est occupé aux tâches stratégiques, interagissant avec les administrations et les élus nationaux. Nous sommes les élus « de base », non-professionnels, pas carriéristes, que vous rencontrez au bistrot ou chez le boulanger et qui sont vos relais de proximité. C’est à eux que vous demandez de résoudre les problèmes et c’est eux qui rapportent au Conseil les réalités de la communauté. Et il est certainement très utile que les priorités des fonctionnaires de mairie soient définies par des élus, et pas par eux-mêmes ou leurs syndicats. Souhaitons donc que nous voterons le 30 mai 2021 sur la capacité des candidats à travailler efficacement pendant 5 ans à la résolution concrète des problèmes locaux de la communauté.


Quels sont donc les enjeux que notre communauté rencontre au Portugal ?


1) la retraite : plus de 40% des Français inscrits à la liste consulaire sont retraités (pour ceux qui ne sont pas retraités, se posera le problème du cumul des droits de retraite). Il serait facile aux parlementaires représentant les seuls métropolitains de réduire ces droits et créer des taxes et impôts injustes, comme le fut la CSG, taxe que nous avons combattue. Nous venons d’intervenir pour que les formulaires S1, qui doivent aujourd’hui être pré-remplis en France puis présentés au Portugal pour pouvoir y bénéficier d’une couverture santé, soient disponibles sur votre « espace personnel »… au lieu de mettre plus de six mois à vous être renvoyés, si vous êtes chanceux.


2) la fiscalité : on a beaucoup parlé des RNH, et la « concurrence fiscale » n’est pas souhaitable. Pas plus que le « racket fiscal » et la boulimie de l’Etat. Aller « faire payer les riches » ou « faire payer les retraités » c’est un discours facile, mais inefficace – les riches sont bien conseillés. On a vu le piètre résultat des taxes de François Hollande sur les yachts et les salaires des footballers. C’est aussi un discours injuste – les économies d’une vie d’un retraité sont le produit du travail, et ils ont généralement bénéficié de beaucoup moins de « redistributions » qu’aujourd’hui. Au Portugal on peut effectivement léguer son patrimoine à ses enfants sans en être largement dépossédé, nous ne trouvons pas que ce soit amoral. Merci à nos entrepreneurs qui prennent les risques, emploient des personnes, innovent, et font la richesse de notre société. La fiscalité ne doit pas démotiver leur esprit d’entreprendre.


3) l’éducation des enfants. Nous avons deux beaux lycées français à Lisbonne et Porto. Ils sont pleins. Nous sommes présents pour réfléchir à leur évolution. L’école privée Redbridge ouverte à Lisbonne s’est remplie très vite, bravo à ses dirigeantes. Nous donnons notre appui, avec l’Ambassade, à plusieurs nouveaux projets éducatifs. Merci aux professeurs qui ont accompagné nos enfants dans ces conditions très délicates. La plupart des parents d’enfants français n’ont pas eu le choix et on scolarisé leurs enfants dans des écoles portugaises, généralement avec d’excellents résultats. Ils ne souhaitent pas que leurs enfants perdent l’usage du français. Nous soutenons nos Alliances Françaises et des projets FLAM pour répondre à cette préoccupation. Nous ne défendons aucun syndicat, aucune corporation : nous voulons une école de qualité, ouverte sur le Portugal, débarrassée des idéologies propres à notre « Education Nationale » qui n’ont aucune utilité ici.


4) la mobilité : avoir des Euros dans nos poches, pouvoir aller et venir entre la France et le Portugal, recevoir les appels sur notre portable sans surcharge où que nous soyons, ces avantages nous semblaient acquis. Nous voyons qu’ils sont le produit d’une construction européenne dont nous sommes les premiers bénéficiaires. Je m’avoue interloqué quand des personnes de notre communauté si diverse défendent la fin de l’Euro, le contrôle aux frontières, les restrictions sur l’immigration européenne. Une très grande partie d’entre-nous ont des parents ou grand-parents qui ont traversé les frontières clandestinement. Ils ont construit un monde meilleur, pour nous, par leur travail. Par respect, NOUS NE POUVONS PAS défendre l’exclusion. Nous devons être exigeantsavec l’Europe, avec les élus à qui nous confions nos votes européens, pour faire vivre cet acquis. Le décès du Président Giscard d’Estaing, qui a puissamment soutenu la jeune démocratie portugaise pendant son mandat, nous donne l’occasion de retrouver l’esprit fondateur et mesurer le chemin parcouru.

5) la santé : cette année nous a montré combien notre vie était précieuse. Nous avons perdu des proches, nous avons vu la souffrance. Le personnel hospitalier l’a affronté avec grandeur. Pour les plus âgés, le choix entre vivre seul – en essayant d’organiser un soutien pour cette autonomie – et vivre en maison de retraite – où le risque sanitaire est apparu clairement et l’isolement a été parfois dramatique – est devenu beaucoup plus difficile. Notre communauté vieillit,nous devons donc affronter le défi de la santé pour permettre à ceux d’entre nous qui souhaitent rester au Portugal de le faire dans les meilleures conditions. Il faudra aussi améliorer considérablement les dispositifs de retour pour les personnes les plus âgées, si elles souhaitent poursuivre leur vie en France. Nous en ferons une priorité.


6) l’intégration culturelle : c’est peut-être la préoccupation qui définit le mieux notre travail avec toute l’équipe de Français du Portugal. Autrefois, il y avait d’un côté les « expatriés », presque des « coloniaux », vivant dans une bulle privilégiée, autour du Lycée et de l’Ambassade. Quand je suis arrivé au Portugal, en 1993, la communauté était régentée par les dirigeants des plus grosses filiales françaises. En face, les « lusos » partageaient tout également leur vie entre la France et le Portugal, mais ne votaient pas et ne scolarisaient pas leurs enfants dans nos lycées. Nous avons choisi le slogan « Deux pays, une communauté ». A part Jean-Marie, arrivé plus récemment, les membres de notre équipe sont totalement bilingues.


Nous pensons qu’un Conseiller des Français au Portugal doit profondément connaitre le pays et sa culture. Pascale et Ana sont élues portugaises. Jean-Marc, à Vila Nova de Famalicão, est agent culturel municipal. Nous sommes très proches de l’association CIVICA et son Président Paulo Marques, regroupant les près de 8000 élus d’origine portugaise en France, dont Ana fut une animatrice. Pour nous, la reconnaissance du rôle de ces enfants du Portugal en France est le pendant direct de l’accueil des Français au Portugal. Nous sommes fiers que la plupart d’entre vous soient devenus des amis réels du Portugal, de sa culture, de ses traditions, et participent à son avenir. C’est ce qui différencie la communauté française au Portugal de celle de nos amis britanniques, par exemple. Nous souhaitons que cette amitié se renforce, par notre exemple.


Je suis conscient que mon message de vœux est long. Je vous remercie si vous le lisez encore. Nous ne pouvons pas vous écrire souvent, par faute de budget. Nous essayons de rendre compte, très régulièrement, de ce que nous faisons du mandat que vous nous avez confié.


Nous vous souhaitons de Joyeuses Fêtes, avec vos familles et amis, même « en virtuel ». Le temps reviendra vite où nous pourrons nous réunir normalement. Nous espérons que l’année 2021 sera vite une année de reprise, tant de l’économie et de l’emploi, que de la vie sociale et culturelle. Soyons heureux dans ce pays magnifique, et « en même temps » aimons la France, soyons en fiers, et contribuons, dans nos deux pays, à une société plus juste et amicale.


Deux pays, une communauté. Joyeux Noël, Bonne année 2021.

Laurent Goater

Conseiller des Français du Portugal



Avec toute l’équipe de Français du Portugal :

Françoise Conestabile, Conseillère des Français du Portugal, élue à l’Assemblée des Français à l’Etranger, Présidente de l’UFE Lisbonne, Administratrice de l’UFE Monde ;

Jean-Marc Da Costa, Vila Nova de Famalicão (Porto) ;

Pascale Lagneaux, artiste, élue de la junta de freguesia de Azeitão (Setúbal) ;

Jean-Marie Bailly, avocat honoraire, délégué général du Souvenir Français, à Lagos (Algarve) ;

Ana Ferreira, agent municipal à Oeiras, élue de la junta de freguesia de Fernão Ferro (Seixal) ;

Jean-Pierre Hougas, ancien chef d’entreprise, fondateur de l’UFE Centre-Ouest (Caldas da Rainha).

Vous pouvez nous contacter en nous écrivant : francaisduportugal@gmail.com

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